
1950 €
80 x 80 cm
Peinture acrylique et aérosol sur toile
Dans Here Comes the Sun, la lumière ne se contente pas d’éclairer : elle advient. Elle surgit comme un événement ontologique, au sens heideggérien du terme — non pas simple phénomène physique, mais révélation de l’être. Les éclats de jaune, de rose et d’or, dispersés dans une vibration chromatique presque cosmique, traduisent ce moment fragile où le monde sort de la nuit, où l’existence recommence à se dire.
L’œuvre renoue avec une intuition fondatrice de l’histoire de l’art : la lumière comme principe de connaissance et de transcendance. De Plotin à Turner, en passant par la mystique de la couleur chez Goethe, le jaune solaire incarne l’éveil, la raison, mais aussi la promesse — celle d’un recommencement infini. Ici pourtant, la lumière n’est pas hiérarchisée : elle se pulvérise, se fragmente en milliers de points, comme si la clarté elle-même devait passer par le chaos pour exister.
Cette pulvérisation du geste rappelle le dripping de Pollock, mais épuré de toute violence : la gestualité devient une célébration de la vitalité. Le tableau se situe ainsi à la croisée du tragique et de la renaissance — entre la dissolution de la forme et la résurgence de la couleur pure. Le soleil qui « vient » n’est pas celui du jour ordinaire, mais une métaphore de la résilience intérieure, du retour du sens après l’obscurité psychique.
En convoquant le titre mythique de la chanson des Beatles, l’œuvre fait résonner une dimension historique et collective : l’après des tempêtes, la promesse de paix après les tumultes. Mais ici, le chant pop devient métaphysique : l’aube n’est plus un simple moment du jour, c’est une expérience du devenir, une conversion du regard.
Ainsi, Here Comes the Sun inscrit la lumière non comme donnée, mais comme acte, comme conquête. C’est une peinture de la renaissance du monde, mais aussi du sujet — celui qui, face à la dispersion du réel, choisit malgré tout d’affirmer : « le soleil vient ».
