2400 €
80 x 100 cm
Peinture acrylique et aérosol sur toile
« A Monet to Remember » est une œuvre qui agit comme un seuil : une traversée sensorielle et intellectuelle entre mémoire, perception et émergence. En jouant sur l'homophonie entre Monet et moment, le titre convoque à la fois le peintre impressionniste et la notion d'instant suspendu – ce point d'inflexion fugace où l'éphémère prend racine dans l'éternité.
Ce tableau s'inscrit dans la continuité de la démarche de Claude Monet, non par imitation formelle mais par réactivation contemporaine de ses préoccupations : capter l'instant, traduire la vibration du réel au-delà de sa forme fixe, explorer la lumière comme entité vivante. Monet écrivait dans une lettre : « Je veux peindre l'air dans lequel se trouve le pont, la maison, la barque. La beauté de l'air où ils sont, et ce n'est rien sans cela. » Ici, l'artiste transpose cette quête dans un vocabulaire abstrait et tactile, où la lumière semble sourdre du cœur même de la matière picturale.
Le dégradé vertical de l'œuvre – du noir abyssal aux jaunes solaires – peut se lire comme une métaphore de la réminiscence platonicienne : l'âme, plongée dans l'oubli, remonte peu à peu vers la connaissance, vers le souvenir d'une vérité antérieure. Le tableau devient alors une allégorie de l'ascension depuis l'obscurité (l'inconscient, le passé, la douleur) vers une lumière de conscience, de résilience.
Sur le plan philosophique, A Monet to Remember entre en dialogue avec Henri Bergson, qui écrivait que « la perception pure est mémoire. » Ici, la mémoire n'est pas une reconstitution linéaire, mais une matière vivante, colorée, chaotique, en constante recréation. Chaque goutte, chaque projection, chaque superposition agit comme un fragment de souvenir, un instant oublié qui affleure à la surface. L'œuvre ne fige pas le passé : elle le fait émerger.
Il y a aussi une résonance avec la pensée de Gaston Bachelard, notamment dans L'Intuition de l'instant et La Poétique de l'espace. Bachelard voit dans l'instant poétique un moment d'expansion de l'âme. Ce tableau est un tel moment : une chambre d'éveil, une topographie intime de l'émotion. Le spectateur est invité à s'y perdre pour mieux se retrouver, à sentir plutôt qu'à nommer.
Enfin, en cette époque où l'image numérique tend à uniformiser la perception, A Monet to Remember revendique la puissance de l'imprévisible, de l'organique, du geste. Il est un rappel – à travers un jeu de mots simple mais chargé – que certaines expériences esthétiques ne s'expliquent pas, mais s'habitent. Et que certains Monet, comme certains moments, méritent d'être gravés en nous.